Sages-femmes libérales et bilirubinomètre
Depuis plusieurs années, et notamment avec la généralisation des sorties précoces, la question sur la nécessité pour les sages-femmes d’avoir un bilirubinomètre pour assurer ce suivi post natal à domicile est régulièrement posée.
La crise sanitaire que nous traversons aujourd’hui vient réactiver cette épineuse question, d’autant plus que de nouveaux acteurs entrent en jeu dans cette discussion.
Nous souhaitons tout d’abord rappeler qu’il n’est nullement obligatoire de posséder un bilirubinomètre pour assurer le suivi à domicile des nouveau-nés dans le cas des sorties de maternité à moins de 72h après la naissance (sorties précoces). En effet la clinique prime, et les recommandations stipulent la condition de pouvoir recourir à l’utilisation d’un bilirubinomètre ou à un prélèvement sanguin (bilirubinémie) :
Fiche HAS – sortie de maternité après l’accouchement :
- Paramètres de surveillance des nouveau-nés à bas risque retournés à domicile après une durée de séjour standard : Risque d’ictère : coloration et si besoin BTC ou BS
- Paramètres de surveillance des nouveau-nés à bas risque après un retour précoce à domicile : Risque d’ictère : surveillance de la coloration et mesure de BTC ou BS (reportée dans le carnet de santé et rapportée aux courbes de référence)
Fiche CPAM :
Recherche du risque d’ictère (coloration et si besoin mesure de la bilirubine transcutanée ou sanguine)
Communication UNSSF :
https://unssf.org/2017/10/03/le-prado-sorties-precoces-toujours-en-experimentation/
La communication de notre syndicat « Le PRADO sortie précoce » mentionnait déjà en octobre 2017 qu’il n’y a pas d’exigence d’équipement particulier (ni bilirubinomètre, ni autre dispositif).
Certaines expériences récentes de « bili-drive » imaginées dans l’urgence de la crise Covid, ou l’organisation déjà existante depuis plusieurs années dans les maternités ou des centres de PMI, voire dans des « maisons de garde médicale », pour flasher des nouveau-nés rentrés à domicile ont fait leurs preuves, et nous ne pouvons que souligner l’intérêt de mettre en place ce type de solution.
Il n’est en effet pas souhaitable d’imposer aux sages-femmes libérales l’achat d’un matériel très onéreux, non indispensable à leur pratique.
La crise sanitaire que nous traversons actuellement vient relancer le débat par la « mise en concurrence » des sages-femmes assurant le suivi postnatal à domicile, et par l’apparition d’aides à l’achat proposées par des institutions.
L’UNSSF s’oppose catégoriquement à la « sélection » faite par certains professionnels ou certaines maternités qui, en donnant des listes de sages-femmes équipées ou en n’autorisant aux femmes leur sortie de maternité que si elles trouvent une sage-femme équipée, instaurent une concurrence déloyale, et une course à l’équipement pour des sages-femmes dont l’activité est déjà malmenée en ce moment.
Nous voyons apparaître de plus en plus de publicités pour les bilirubinomètres, et des institutions (Conseil Régional par exemple) proposer une participation financière pour s’équiper de ce type d’appareil.
Pourquoi, alors que cette crise sanitaire vient perturber notre organisation de travail, mais en aucun cas nos compétences, acheter du matériel non indispensable tandis que nos cabinets souffrent d’une baisse d’activité majeure ?
Les aides seront les bienvenues pour sauver nos cabinets, pas pour engendrer de nouveaux frais !