Pénurie de sages-femmes : atteintes aux droits des femmes
Le syndicat UNSSF – Union Nationale et Syndicale des Sages-Femmes – s’alarme des remontées de terrain de ses adhérent.e.s : la pénurie de sages-femmes (mais aussi de pédiatres) entraîne une désorganisation des structures d’hospitalisation, publiques ou privées qui retentit sur les missions des sages-femmes de ville alors qu’elles ne sont pas remplacées pendant leurs congés annuels, leurs congés maternité ou de formation.
Des prises de décisions dans l’urgence et sans concertation préalable des acteurs de terrain et des usagers mettent à mal l’organisation des soins liés à la grossesse et à la santé des femmes.
- Fermeture de services d’orthogénie (IVG)
- Fermeture de lits d’hospitalisation en maternité, voire de maternités de quelques jours à quelques semaines, de structures de proximité (hôpitaux assurant la physiologie) sans création de filière physiologique dans les maternités de niveau 3 (haut risque)
- Fermeture des salles natures (dédiées à l’accouchement physiologique/naturel)
- Proposition (ou injonction) à des sages-femmes libérales n’ayant pas pratiqué en structure d’hospitalisation depuis des années de venir réaliser des gardes en maternité…
Les choix faits sont lourds de conséquences pour les patientes et les familles
- Discontinuité des parcours de soins : accouchement dans une maternité puis mutation pour les suites de couches dans une autre plus éloignée du domicile voire dans un autre département
- Sorties de maternité précoces (voire ultra-précoces) sans évaluation médico-sociale préalable, sans aide à domicile, sans transmissions d’informations, avec des professionnels de santé non connus par la patiente… et des sages-femmes de ville qui seraient en garde à l’hôpital ? Qui assurera une continuité des soins efficace à domicile ?
- Visites de sortie de maternité déléguées à la ville où les sages-femmes, les médecins généralistes, les pédiatres sont déjà difficilement disponibles
- Perte de chance des patientes en situation de vulnérabilité
- Déficit de terrains de formation pour les étudiants en santé
Les exemples sont légion et laissent à penser du peu de cas fait quant aux droits de base des patientes :
- Libre choix du praticien
- Libre choix du lieu d’accouchement
- Choix d’accoucher de façon physiologique
- Accès à l’IVG
Nous voyons aujourd’hui les conséquences de l’absence de prise en compte des alertes formulées par l’UNSSF : une pénurie de professionnels de santé organisée depuis 30 ans accélérée par « l’essorage » de la pandémie, une rémunération indigne des compétences et responsabilités des sages-femmes, des décrets de périnatalité régissant les effectifs en maternité obsolètes entraînant des conditions de travail insupportables.
Un diagnostic est facile à faire si tant est que l’on s’intéresse aux symptômes décrits par le patient : il est temps d’écouter les sages-femmes et les associations de patients afin d’avoir enfin l’audace de construire un parcours de soin périnatal ambitieux, digne et coordonné.