Périnatalité : les dangers du rapport Ville
En mars, le rapport du Professeur Ville a été présenté à l’Académie de Médecine proposant une réorganisation de la périnatalité en France.
L’UNSSF a toujours placé les sages-femmes ainsi que les patientes et leur famille au centre de ses combats. Voici nos commentaires :
Partant du constat d’un malaise dans les maternités et d’une crise démographique des professionnels de santé hospitaliers, le rapport préconise d’accélérer la fermeture des maternités de niveau I, mouvement déjà grandement amorcé depuis les années 90.
Ainsi à la saturation déjà existante des grands établissements, la réponse serait une augmentation de la patientèle.
L’UNSSF veut alerter sur le fait que les sages-femmes ne passeront pas indifféremment d’une structure à une autre qui ne répondront toujours pas à leurs attentes de conditions de travail respectueuses pour elles ni de prises en charge adaptées pour les femmes et leurs familles.
Afin d’évacuer ce risque, le rapport avance « l’adaptation architecturale » des maternités de niveau III en y adossant un espace de niveau I.
Qui pourra croire à cette solution !? Le financement de locaux supplémentaires paraît peu probable quand la diminution du nombre de lits continue dans de nombreuses maternités sous couvert de baisse de la natalité. Comment alors absorber l’afflux de nouvelles patientes ?
La politique proclamée de redonner vie aux territoires est également balayée.
Quelles conséquences pour les patientes ? :
Des trajets rallongés pour aller accoucher qui dégraderont la sécurité.
Aux problèmes d’éloignement et d’insécurité, le rapport dessine une réorganisation complète du parcours de la femme enceinte.
Celle-ci se rendra à la maternité en SAMU périnatal, (créé avec une équipe capable d’assumer un accouchement « en route », car il y en aura, avec une sage-femme « embarquée ».
Mais la solution qui semble avoir la faveur du rapport est celle d’une Structure Hôtelière Hospitalière, proche de la maternité qui hébergerait les patientes proches du terme de leur grossesse.
La patiente, objet plus que personne, serait installée à attendre. Isolée de ses proches et pressée « d’en finir », nous pouvons imaginer qu’elle demandera à être déclenchée.
A mots couverts, ce rapport s’appuie sur l’exemple américain du déclenchement systématique à 39SA. Ignorant les recommandations HAS publiés en décembre 2017 «accouchement normal : accompagnement de la physiologie et interventions médicales» à l’écriture et la relecture duquel les sages-femmes ont largement participé, le rapport propose un retour non-dit, généralisé à l’accouchement programmé, déclenché, dirigé !
Où retrouve-t-on les recommandations «des 1000 jours» ? sécurité globale, physique et psychique, étayage par un environnement connu et empathique, dans un parcours adapté à chaque patiente. A l’inverse ce projet entraîne l’isolement de la patiente à une étape cruciale de sa vie alors que le suicide est la 1ère cause de mort maternelle !
L’UNSSF soutient que le problème de la démographie hospitalière ne sera pas résolu sans une sérieuse réflexion sur les conditions de travail, avec des décrets périnataux revus et adaptés aux demandes des patientes et une augmentation importante des rémunérations.
A l’heure où la durée des études passe à 6 années, comment ne pas mettre les salaires en adéquation ?
A l’heure du développement de l’ambulatoire à tout prix, comment ne pas mieux rémunérer les astreintes, les week-ends, les disponibilités téléphoniques, la continuité sécurisante du suivi de la sage-femme libérale ou territoriale ?
L’UNSSF se positionne toujours et encore auprès des femmes et des sages-femmes.